Pedro Paterno

Pedro Alejandro Paterno
Fonction
Premier ministre des Philippines
-
Biographie
Naissance
1857 ou 1858
ManilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès

ManilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
philippineVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Homme politique, poète, romancier, écrivainVoir et modifier les données sur Wikidata

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Pedro Alejandro Paterno y de Debera Ignacio était un illustrado et homme politique philippin, ainsi qu’un écrivain et un poète. Il fut Premier ministre de la Première République des Philippines de mai à novembre 1899. Ses dates de naissance et de mort sont incertaines : certaines sources indiquent - [1], tandis que d’autres donnent - [2] ou - [3],[4].

Biographie

Pedro Paterno était issu d’une famille de riches marchands mestizo de Santa Cruz à Manille[5]. Il fut élevé dans un milieu privilégié et cultivé et reçut une solide éducation[6]. De 1871 à 1880, il fit des études de droit en Espagne à l’université de Salamanque puis de Madrid, où il obtint un doctorat[7],[8]. Il fut ensuite actif dans le domaine des lettres, publiant poésie (Sampaguitas y otras poesías varias), roman (Nínay) ou essai historique (La Antigua Civilización Tagala)[1]. Il côtoya des membres de la Propaganda comme José Rizal qui critiquait le modèle colonial espagnol et exaltait la civilisation philippine, sans toutefois rejoindre le mouvement[9].

Pedro Paterno (au premier plan à gauche) et les principaux meneurs de la révolution, durant les négociations du pacte de Biak-na-Bato en 1897.

De retour aux Philippines, il prit en 1894 la tête de la Museo-Biblioteca de Filipinas (qui deviendra la bibliothèque nationale des Philippines)[1],[5]. Lorsque la révolution éclata en , de nombreuses perquisitions et arrestations eurent lieu parmi les dignitaires de Manille, et Paterno fut lui-même suspecté. Ces suspicions ressurgirent lors du procès de Rizal en en raison de ses écrits sur la « civilisation tagalog ». En réalité, Paterno se tint à distance de la révolution, et il ne fut pas inquiété outre mesure en raison de ses relations amicales avec des dignitaires ou militaires espagnols de haut rang[10]. En 1897, il fut choisi par le gouverneur général Fernando Primo de Rivera pour mener des négociations de paix avec les insurgés du Katipunan, alors commandés par Emilio Aguinaldo[3]. Paterno négocia pendant près de cinq mois pour aboutir en au pacte de Biak-na-Bato qui instaura un cessez-le-feu et l’exil à Hong-Kong des meneurs de la révolution[1],[3].

La trêve fut de courte durée, la révolution reprenant en 1898 en raison de l’intervention militaire américaine et du non-respect des clauses du pacte de Biak-na-Bato par les deux parties. Paterno prit initialement le parti des colons et œuvra pour rallier les Philippins aux Espagnols[11]. Mais le conflit tournant à la déroute pour l’Espagne, il n’eut d’autres choix que de se rapprocher des révolutionnaires[12]. Il fut élu président du congrès de Malolos de à , dont le but était de rédiger une constitution pour les Philippines[13]. La Première République fut proclamée en conséquence le , avec Emilio Aguinaldo comme président. Pedro Paterno en devint le second Premier ministre (après Apolinario Mabini, l’un des pères de la constitution) du au [1].

Les États-Unis ayant déclaré leur intention de coloniser les Philippines à la suite du traité de Paris, les dirigeants philippins se divisèrent entre les partisans d’une ligne dure et ceux d’une ligne pacifique. Paterno faisait partie de ces derniers, appelant à discuter avec les Américains pour établir une sorte de protectorat sur les Philippines[14]. Cependant, les négociations patinèrent et les tensions augmentant, la guerre devint inévitable ; Paterno, en tant que Premier ministre, dut signer à contrecœur un appel à la résistance armée[15].

Durant la guerre américano-philippine, il dut fuir les combats à Manille comme d’autres dirigeants, puis fut capturé le à Benguet et emprisonné[15]. Il fut amnistié après avoir prêté allégeance aux États-Unis[1],[16] et fut élu en 1907 membre de la première Assemblée philippine instaurée par la nouvelle administration[4].

Il rédigea aussi quelques nouvelles dans les dernières années de sa vie, ainsi que ses mémoires sur le pacte de Biak-na-Bato[5],[1]. Il mourut en 1911 du choléra[1].

Famille

Il était le fils de Maximo Molo Paterno et de Carmen de Vera Ignacio[7],[8]. Il fut marié à Luisa Pineyro, qui mourut le [17].

Héritage

Portrait de Pedro Paterno.

Pedro Paterno a laissé une trace controversée dans la mémoire philippine. Il est populairement décrit comme l’un des plus grands traitres (balimbing, « retourneur de veste » en tagalog) de l’histoire philippine en raison de ses changements de camp (d’abord pro-espagnol, puis pro-révolutionnaire, et enfin pro-américain)[4],[3]. Ses essais historiques et ethnologiques sont de nos jours considérés comme largement fantaisistes[4],[5], et en son temps même ses écrits n’étaient pas tenus en haute estime[18]. Cette réputation négative a longtemps conduit les historiens à ignorer l’œuvre de Paterno, qui est redécouverte et analysée à partir des années 2000 pour comprendre la tension à la fin du XIXe siècle entre hispanité et civilisation philippine en devenir[3],[19]. Ses mémoires sur le pacte de Biak-na-Bato restent importantes car elles constituent un point de vue alternatif à ceux d’Aguinaldo et de Primo de Rivera qui publièrent leurs propres mémoires[1].

Il est l’auteur du premier roman philippin de l’histoire, Nínay, paru en 1885[5],[9],[7].

Distinction

Références

  1. a b c d e f g h et i (en) Spencer C. Tucker (dir.), The Encyclopedia of the Spanish-American and Philippine-American Wars : A Political, Social, and Military History, ABC-CLIO, , 993 p. (ISBN 978-1-85109-951-1, lire en ligne), p. 465-466 (entrée écrite par Michael R. Hall).
  2. Mojares 2006, p. 4, 41.
  3. a b c d et e Reyes 2006, p. 87-121.
  4. a b c d et e (en) Ambeth Ocampo, « The First Filipino Novel », Philippine Daily Inquirer,‎ (lire en ligne).
  5. a b c d et e (es) García Castellón, Manuel, « Pedro Alejandro Paterno y de Vera-Ignacio (Manila, 1858 - 1911) », sur Revista Filipina (consulté le )
  6. Mojares 2006, p. 6.
  7. a b et c (en) Luciano P. R. Santiago, « The First Filipino Doctoral Law Graduates in Spain (1860-1890) », Philippine Quarterly of Culture and Society, vol. 27, nos 1-2,‎ , p. 105-116 (lire en ligne).
  8. a et b Rath 2016, p. 227
  9. a et b Mojares 2006, p. 10-13.
  10. Mojares 2006, p. 18-19.
  11. Mojares 2006, p. 22.
  12. Mojares 2006, p. 23-24.
  13. (en) George A. Malcolm, « The Malolos Constitution », Political Science Quarterly, vol. 36, no 1,‎ , p. 91-103 (lire en ligne).
  14. Mojares 2006, p. 25-26.
  15. a et b Mojares 2006, p. 26-27.
  16. Mojares 2006, p. 31-32.
  17. Mojares 2006, p. 20.
  18. Mojares 2006, p. 11-15, 43.
  19. Rath 2016, p. 228-234

Bibliographie

  • (en) Resil B. Mojares, Brains of the Nation : Pedro Paterno, T.H. Pardo de Tavera, Isabelo de Los Reyes, and the Production of Modern Knowledge, Ateneo University Press, , 565 p. (ISBN 978-971-550-496-6, lire en ligne).
  • (en) Imke Rath, « Pedro Alejandro Paterno's La Antigua Civilización Tagalog (1887): An Attempt to (Re)construct One's Own Religious Past », dans The Role of Religions in the European Perception of Insular and Mainland Southeast Asia: Travel Accounts of the 16th to the 21st Century, Cambridge Scholars Publishing, (ISBN 9781443899222, lire en ligne), p. 755.
  • (en) Portia L. Reyes, « ‘Treasonous’ History of Filipino Historiography: The Life and Times of Pedro Paterno, 1858–1911 », South East Asia Research, vol. 14, no 1,‎ , p. 87-121 (lire en ligne).

Liens externes

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